Un projet atypique

Le projet que je présente ici est atypique et il est le sujet de beaucoup de malentendus. Selon les personnes à qui je m'adresse, on me traite tour à tour de gauchiste puis de libéral; on me reproche d'abord de vouloir drastiquement réduire le budget de l'État et de couper net aux services publics, puis de vouloir augmenter encore plus les taxes.

D'abord, je parle de fiscalité: la réforme fiscale touche à tous les revenus de l'État. Il ne s'agit pas ici des dépenses des services publics, ce qui est un autre débat, tout aussi important à avoir mais qui n'est le nôtre présentement.

Comme le projet ne peut être catégorisé dans une logique gauche/droite, pauvres/rentiers, patronat/salariat, les gens y perdent leurs repères.

Beaucoup de lecteurs ont malheureusement l'habitude de s'en tenir aux étiquettes toutes faites.

Le fait est que je suis à la fois communiste et libéral. Je suis communiste parce que nous vivons en communauté, nous partageons une planète et des biens communs, et qu'à mon sens c'est le rôle de l'administration publique de gérer au mieux tout ce qui ressort du bien public au profit de la communauté toute entière. Je suis libéral parce que je suis un grand défenseur des libertés individuelles et du bien privé. Je me revendique à la fois des valeurs dites "de droite" et des valeurs dites "de gauche". Je suis contre la redistribution de la richesse et pour que chacun paye son dû. Nous avons tous des libertés individuelles et aussi des responsabilités; des droits et des devoirs.

Ces valeurs se voient dans la révolution fiscale que je propose. L'État ne devrait pas imposer quoi que ce soit qui ressorte du bien privé, mais est libre d'imposer l'utilisation, l'occupation, la destruction du bien public, à la recherche d'une bonne gestion du patrimoine public.

Une des lignes les plus importantes de ce projet de réforme fiscale est l'élimination progressive et complète de la fiscalité sur le travail. Cela inclut tous les prélèvements obligatoires qui pèsent sur le travail de façon directe (cotisations sociales, impôt sur le revenu, etc.), ou indirecte (fiscalité du capital, TVA, etc.).

Bien sûr, cela représente déjà bien plus de 80% des revenus des services publiques. Donc il faut bien remplacer ces réductions massives par autre chose, une meilleure fiscalité. Nous verrons dans les articles suivants la nature de ce nouveau type de fiscalité, et ses propriétés qui font qu'elle serait plus saine que la fiscalité actuelle.

Cela ne me gêne pas que certaines personnes soient en désaccord avec le projet, rejette une partie ou le tout. Ce qui me gêne, c'est quand ils le font sans même avoir compris de quoi je parlais, sans même avoir pris le temps d'assimiler, et d'imaginer les conséquences bénéfiques que cela apporterait à tout point de vu; quand ils rejettent "ma" vision du projet alors que ce n'est pas du tout celle que j'essayais de présenter.

Lorsque je rencontre les gens face à face, que j'ai le temps d'expliquer en détail les tenants et les aboutissant, de répondre tout de suite aux questions et d'éviter que les malentendus prennent racine, mes interlocuteurs aiment tous ou presque le projet.

C'est un projet vaste et complexe, et qui demande qu'on laisse à la porte de nombreuses idées préconçues, afin d'avoir l'esprit libre d'aborder le sujet de la fiscalité d'un angle nouveau et d'entrevoir des solutions et des possibilités parfois inattendues.

Une autre note importante: lorsque je dis proposer cette réforme, je ne prétends aucunement avoir inventé quoi que ce soit. Les idées que j'explique à travers toutes ces pages ont déjà été proposées, partiellement, un aspect ou un autre, par de nombreux auteurs, certains remontant au XIXème siècle. Une source d'inspiration importante et personnelle a été le livre de Jacques Lemaire, dont je recommande la lecture.