Des nouvelles stupéfiantes dans un mois pris au hasard

Ce billet explique, comment, en un seul mois, j'ai été bombardé d'informations stupéfiantes qui me rappellent pourquoi ce projet, les 3 enjeux, demeure malheureusement à la fois important et d'actualité.

Comme je disais dans mon blog personnel au sujet du tsunami au Japon, j'étais tellement concentré sur mon travail que je n'avais pas le temps de regarder les informations. Après avoir appris ce qui ce passait au Japon, j'ai recommencé à regarder sur le net les informations de MSNBC, une chaîne de télé américaine. En un seul mois à regarder les informations, de la mi-mars à la mi-avril, j'ai appris beaucoup de nouvelles qui me mettent en colère et qui me motivent pour ce projet.

Voici donc un échantillonnage de nouvelles scandaleuses toutes prises dans une fenêtre de 30 jours environ.

La lutte des classes du 21ème siècle

Quand on parle de "lutte des classes", des notions archaïques, marxistes ou communistes viennent à l'esprit. On pourrait penser que cela n'a aucun rapport avec la société d'aujourd'hui. Mais pourtant, des problèmes endémiques persistent dans notre société depuis des siècles. Voici quelques exemples pris de l'actualité américaine (que je connais mieux que l'actualité française et même, c'est un comble, taïwanaise). Tous les exemples sont pris de l'actualité de ce mois-ci seulement!

Abolition des syndicats

Les républicains qui ont gagné les élections américaines locales de 2010 ont fait passer en force des nouvelles législations dans les états de Ohio et Wisconsin afin de bannir les syndicats. Les syndicats non seulement avaient pour habitude de négocier de meilleures conditions de travail, mais aussi contribuaient régulièrement aux fonds de campagne du parti démocratique. Cela ne plaisait bien sûr ni aux républicains, ni au patronat qu'ils représentent, ce qui explique de nouvelles lois agressives interdisant les syndicats. On se croirait au 19ème siècle.

Les travailleurs concernées sont en train de protester et d'organiser une élection afin de forcer la démission des gouverneurs des états concernés (recall election).

Je ne suis ni communiste, ni syndicaliste et encore moins marxiste, mais je suis choqué à quel point les industriels et le grand patronat, les milliardaires américains, essayent d'exploiter les travailleurs et les classes moyennes.

C'est encore une preuve, s'il en fallait encore, que malgré toutes les lois et les avancées sociales du 20ème siècle, les sources du problèmes sont restés inchangés depuis le 19ème siècle jusqu'à aujourd'hui.

Faire payer les pauvres afin d'alléger la taxation des riches

Toujours les républicains, au niveau fédéral cette fois-ci, mènent une bataille idéologique afin de soit disant trouver une solution à la dette publique américaine, mais leurs propositions (cf. the Ryan Budget proposal) sont telles que seuls les ultra-riches bénéficieront (moins de taxation) alors que les pauvres, les personnes âgées et les malades payeront encore plus (moins de couverture sociale).

En effet, ils veulent réduire la taxation des millionnaires et milliardaires de 35 à 25%. (Les républicains ont d'étranges notions: réduire le déficit budgétaire en réduisant le revenu fiscal??) En même temps, ils veulent annuler de nombreux programmes de services sociaux pour la santé, les retraités et pour l'emploi (medicare, medicaid, social services...) de sorte que la couverture sociale des plus faibles sera réduite, forçant les catégories de personnes les plus vulnérables à payer d'eux même pour leurs frais de santé.

Pour les ultra-riches, c'est une évidence: s'ils veulent être moins taxés, il faut faire payer les pauvres encore plus.

Le fait est que le modèle fiscal est mauvais à la base. On n'en finira jamais avec ce genre de confrontation idéologique entre les différentes classes tant que n'aura pas eu lieu une refonte du code fiscal de sorte que la taxation du travail soit remplacé par une taxation de la pollution, de l'exploitation des biens communs ainsi que une taxation de toute activité nocive envers notre planète et notre société.

L'art banni

Quick Quizz:

Quelle est la capitale de l'état de Maine?

Réponse: la ville d'Augusta. Il faudrait que je visite cette ville, un jour...

Quelle est la langue maternelle du gouverneur actuel de l'état de Maine?

Réponse: bien que natif du Maine, Paul LePage, un républicain élu 74ème gouverneur de l'état de Maine en novembre dernier, a grandi en parlant français à la maison. Il a même raté un examen d'entrée à l'université à cause de son mauvais anglais à l'oral. Depuis il a fait des progrès en anglais!

Le fait qu'il soit franco-américain est bien la seule chose qu'il ait pour plaire.

Il a été élu sur une plate-forme pro-business de dé-régulation et de réduction d'impôts sur les sociétés.

S'il y avait aucun doute, il n'a pas fallu attendre bien longtemps pour voir dans les faits dans quel camp il est en ce qui concerne la lutte des classes qui perdure encore et toujours aujourd'hui.

Dans la (sans doute très belle) ville d'Augusta, se trouve le siège du Ministère du Travail du Maine (Department of Labor). Si vous y étiez allés avant le mois de mars dernier, vous auriez pu admirer le Hall d'entrée joliment décoré de peintures murales, l'oeuvre de l'artiste Judy Taylor.

Ces peintures murales mettaient en scène de nombreux thèmes liés au monde du travail et aux réformes qui ont eu lieu tout au long de l'histoire des États-Unis. Une scène représentait des enfants au travail, une autre des femmes au travail dans les usines (une conséquence de la seconde guère mondiale), etc. Ainsi, toute l'histoire du mouvement travailliste était ainsi symboliquement illustrée.

Les salles de conférence du ministère était aussi nommées après des leaders sociaux qui ont oeuvré en faveur des travailleurs. Une de ces salles était nommé d'après Frances Perkins qui a été la ministre fédérale du travail dans les années 1930 et 40, la première femme à être membre du gouvernement fédéral (United States Cabinet). Les travailleurs américains lui doivent entre autre: l'abolition du travail enfantin, la semaine de 40 heures, le salaire minimum, de nombreuses régulations afin de limiter les accidents du travail. Elle a aussi aidé à réduire le nombre de grèves en créant un service de conciliation favorisant le dialogue entre le patronat et le salariat.

Bref, de l'aveu même du gouverneur LePage, les noms des salles de travail et les muraux ne correspondaient pas à la stance pro-patronat de son gouvernement. Donc, le gouverneur ne s'est pas contenté de renommer les salles du ministère afin de faire disparaître des noms tels celui de Frances Perkins. En cachette, durant le week-end du 27 mars, alors que les bureaux étaient officiellement fermés, le gouverneur a fait enlever toute la fresque et mis les peinture dans un entrepôt où elles seront... moins visibles.

Il se trouve aussi que ces peintures murales avaient été commissionnées il y a 3 ans pour ce qui était alors le nouveau quartier général du ministère du travail et avaient été payées à moitié grâce à des fonds fédéraux. L'état de Maine va devoirs maintenant rembourser la subvention fédérale. Une lourde facture rien que parce que une oeuvre d'art froissait les sensibilités pro-patronat du gouverneur! 1

Cette bataille, qui n'a que très peu d'importance en soit, démontre la façon dont notre société et tous les débats politiques sont polarisés autour de deux extrêmes. Ces disputes intestines perdureront tant que des réformes systématiques n'auront pas été mises en place afin de réconcilier la droite et la gauche; afin d'unifier patronat et salariat, actionnaires et travailleurs...

Des revenus inégaux

Un rapport du Bureau of Economic Analysis de fin mars montre que les revenus des entreprises se sont accrus de 36,8% en 2010 alors même que le chômage reste très élevé 2. Le même rapport révèle qu'alors que la productivité des travailleurs a augmenté, leurs compensations, eux, n'ont à peine bougé.

Encore et toujours, les profits des entreprises ne sont pas partagés équitablement. Le patronat et les actionnaires ne s'oublient jamais, alors que les bas salaires, compétition sur le marché du travail oblige, doivent continuer à se serrer la ceinture.

Il est temps d'instaurer un partage équitable des profits de l'entreprise selon une formule apparentée à celle proposée par Jacques Lemaire.

Permis de polluer

Sur le front énergétique et de l'environnement, il n'est pas besoin de s'épandre sur la catastrophe humanitaire et nucléaire en cours au Japon suite au tremblement de terre et au tsunami du mois dernier.

Ce qui n'a pas été discuté en revanche, c'est le fait que le gouvernement américain a recommencé à délivrer des permis pour faire des forages pétroliers dans ses eaux territoriales du Golfe du Mexique.

Pourquoi est-ce une information importante? Pour deux raisons.

D'abord, parce que les demandes de permis avaient été mises en suspend suite à la marée noire sans précédant causée par l'explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon3. 11 personnes sont mortes lors de l'explosion de la plate-forme. Après l'explosion, 5 000 barils de pétrole (soit 795 000 litres!) se sont déversés par jour dans la mer. Certains experts ont même avancé le chiffre de 70 000 barils (plus de 11 millions de litres) de pétrole déversés dans la mer par jour. Il a fallu trois mois pour BP pour enfin mettre fin à la fuite. Mais le mal était fait. L'impact sur la vie marine, sur l'environnement et l'économie des régions côtières est inestimable. Cet accident est une des plus importantes marées noires de toute l'histoire de l'exploitation pétrolière.

Le président Obama avait alors annoncé un moratorium sur les permis d'exploitations pétrolières dans la région, jusqu'à ce qu'on puisse réviser les codes afin de prévenir un accident semblable. Le moratorium a donc pris fin en mars, moins d'un an après la catastrophe.

La reprise de la distribution des permis est aussi importante parce que, malgré les promesse faites à l'époque, rien ne promet qu'une telle catastrophe ne se reproduira pas.

Dans cette histoire et dans l'accident de Deepwater Horizon, un élément critique est ce qu'on appelle les "blow-out preventers" ou blocs obturateurs de puits (BOP) 4: ce sont des valves de sécurité qui sont censées empêcher une explosion en cas d'une éruption soudaine de pétrole.

Ces BOP fonctionnent un peu comme les airbags dans les voitures. En condition normale, les airbags ne servent à rien. Lors d'une collision routière, en revanche, l'airbag se déploie afin de protéger l'occupant de la voiture. De même, le bon fonctionnement du BOP n'est critique que lors d'une montée brusque de la pression du flot de pétrole.

De toute évidence, le BOP de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon n'a pas fonctionné comme il aurait dû en ce jour fatal d'avril 2010. Le gouvernement américain a demandé à compagnie norvégienne Det Norske Veritas (DNV) de faire un rapport d'expertise sur la cause du mauvais fonctionnement du BOP. DNV a rendu son rapport final le mois dernier 5. Celui-ci aurait dû choquer le gouvernement et les industries concernées, et les pousser à prendre action pour prévenir une autre catastrophe du même type.

En effet, le rapport de DNV indique que les BOP étaient en bon état de marche... sauf qu'un problème de conception fait qu'ils ne marchent pas lors d'une montée brusque de la pression du flot de pétrole!

Cela reviendrait à dire que les airbags installés dans nos voitures marchent bien sauf dans le cas d'un accident de la route. Les airbags ne marcheraient pas en cas de collision de la voiture et d'impact violent!

Tout comme la centrale nucléaire de Fukushima dont les générateurs d'urgence d'électricité marchaient bien... jusqu'au moment où on en avait vraiment besoin.

le rapport de DNV est catégorique:

La conclusion de cette étude doit être prise en compte dans le design des futurs BOP, et dans la modification des BOP actuels.

(The findings of these studies should be considered and addressed in the design of future Blow-Out Preventers and the need for modifying current Blow-Out Preventers.)

Bref, ces BOP qui sont censés protéger contre une explosion telle celle qui s'est produite l'an dernier... ne protègent de rien du tout.

Certainement, un tel rapport devrait alerter la conscience professionnelle des pouvoirs publics et de l'industrie pétrolière. Il aurait dû être pris en compte dans les plans de sécurité qui accompagnent les demandes de permis d'exploitation. Il semblerait au contraire que l'industrie a peu ou pas changé son mode opératoire. Le gouvernement, qui a à peine attendu la remise du rapport de DNV avant de reprendre la remise de permis, ne demande aucune modification au plan de sécurité. Les BOP et leur design reste inchangé. Le premier permis d'exploitation délivré par le gouvernement un an après l'accident de la plate-forme de BP a été délivré à Nobel Energy, une compagnie contrôlée par... BP! De plus, le Oil Spill Response Plan (plan d'urgence contre les marées noires) qui accompagnait la demande de permis... date de 2009, un an avant l'accident de Deepwater Horizon. C'est à dire que les leçons de 2010, et moins encore le rapport de DNV ont été prises en compte! 6

On observe ici une collusion entre le gouvernement et les industriels dont la voix est toujours mieux entendue que la voix collective des milliers et millions de personnes affectées par l'impact négatif de l'activité industrielle sur la société, sur l'environnement et sur la population.

La dichotomie malsaine entre l'économie et l'environnement persiste encore et toujours. Notre vision est à l'envers: les économistes et la classe politique perçoivent l'environnement (et l'économie de l'environnement) comme étant une petite partie de l'économie en général, alors que le contraire est vrai: l'économie de notre société fait partie de l'environnement et dépend de celui-ci.

Aujourd'hui, tout juste un an après le désastre, alors que l'économie de toutes les régions cotières affectées par la maréee noire est encore sous le coup des conséquences, BP affiche des profits record et paye des dividendes aux actionnaires. 7 Alors même que toute l'économie côtière est en ruine, les industries de la pêche et de la culture de fruits de mer ont été anéantis par la catastrophe dont BP est responsable, BP lui-même se porte bien, très bien même, merci beaucoup.

Suis-je le seul à voir là une injustice fondamentale?

Ce n'était pas un poisson

Dans l'après-midi du premier avril, le Wall Street Journal a publié sur son site une dépêche qui avait tout l'air d'être un poisson d'avril. La nouvelle était trop incroyable, trop ridicule, trop scandaleuse pour être prise au sérieux, surtout lorsqu'elle est publiée un premier avril. Le WSJ, soucieux d'éviter un malentendu, a pré-daté la dite dépêche au 2 avril.

Ainsi, dans la journée du 1er avril, on apprenait que le patronat de la compagnie Transocean avait reçu un bonus sur leur salaire en fonction de "la meilleure performance annuelle en ce qui concerne la sécurité" 8.

Et oui, il s'agit bien de cette même société qui était le propriétaire de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, celle-là même qui a explosé l'année dernière tuant 11 ouvriers, créant une des plus grandes pollution pétrolière de l'histoire, anéantissant toute l'économie côtière du Golfe du Mexique.

Malgré la catastrophe sans précédent de ce jour d'avril 2010, la direction de Transocean a estimé que l'année 2010 était une année exemplaire en ce qui concerne la sécurité, et a distribué un bonus aux dirigeants de cette société.

Cette nouvelle absurde avait tout l'air d'être un poisson d'avril. C'est pourquoi, afin d'éviter tout malentendu, l'illustre Wall Street Journal a pré-daté l'annonce au 2 avril bien que postée le 1er avril.

Tant que les profits vont bien, la misère humaine et la dégradation écologique n'ont, figurativement et littéralement que peu de prix.

Qui est prêt à dénoncer cette dichotomie malsaine?

Privés de démocratie

Afin de terminer en beauté, voici une histoire stupéfiante qui, fort heureusement, n'est pas prête d'arriver en France. Quoi qu'à long terme, qui sait?

C'est une histoire qui commence très bien, il y a longtemps à Benton Harbor, une petite ville du Michigan 9, Monsieur et Madame Klock, un riche couple qui y vivait au début du vingtième siècle, on fait un don d'une grande parcelle de terre qui longe la côte du Lac Michigan, dans la région des Grands Lacs. Ce don a été fait en 1917 à la communauté et aux enfants de Benton Harbor et d'après le généreux couple c'est une des meilleures actions qu'ils aient jamais faites. Le terrain, une réserve naturelle, a été nommé par le couple en mémoire de leur petite fille, morte en bas âge: Jean Klock Park. 10

Près d'un siècle plus tard, ce don fait vibrer plus que jamais les coeurs des résidents de Benton Harbor. En effet, dans la misère qui affecte toutes les régions industrielles du nord des États-Unis, Jean Klock Park est à peu près la seule chose qui leur reste. Benton Harbor est une ville à 90% noire, majoritairement pauvre. La crise économique récente et l'effondrement de l'industrie locale ont fait grimper le taux de chômage. La drogue, la corruption, la violence, les échecs scolaires, la pollution sont le pain quotidien de la population.

Le Jean Klock Park est à peu près le seul seul atout qui reste à cette communauté qui n'a pas oublié les mots de Monsieur Klock lors de l'ouverture du parc au public:

En faisant l'inventaire de sa vie, on se rappelle tous les circonstances qui entourent les moments les plus heureux. Le don de ce parc à la ville de Benton Harbor a été pour Mme Klock et moi-même le plus heureux moment de notre vie. L'acte de donation de ce parc, qui se trouve à la cour de justice de St. Joseph vivra pour toujours. Il se peut que certains d'entre vous ne possèdent pas de terrain. Souvenez vous alors que ceci est votre parc. Il vous appartient. Peut-être que vous n'avez pas de piano ni de phonographe: la houle calme de l'eau ou son rugissement au milieu d'une tempête est votre musique, votre piano et votre boîte à musique. La plage est à vous, les chemins sont à vous, les dunes sont à vous. Tout est à vous. Ce n'est pas seulement un cadeau de ma femme et moi même; c'est un cadeau d'une petite enfant. Assurez-vous que le parc appartienne aux enfants. 11

Évidemment, lorsque près d'un siècle plus tard un projet de développement privé du parc pour en faire des lotissements de luxe, la communauté s'est mobilisée pour s'y opposer. Elle a gagné mais les termes de la défaite ont ouvert la porte à un autre projet de développement bien plus pernicieux: une partie du parc a été transformé en terrain de golf privé, donnant un semblant d'apparence de se conformer à la volonté des Klocks de conserver le terrain comme un lieu de récréation.

Il faut dire que Benton Harbor a une ville jumelle, St. Joseph, qui se trouve juste de l'autre côté d'une rivière qui sépare les deux villes. Chaque ville compte environ 10 000 habitants. Si elles sont jumelles d'un point de vue géographique, elle sont très différentes à tout autres points de vue: la population de Benton Harbor est 90% noire, celle de St Joseph est 90% blanche. Le revenu annuel moyen des habitants de St Joseph est de plus de 33 000 US$ par an, et celui des habitants de Benton Harbor est tout juste de 10 000 US$. 12

À 5 000 US$ la carte d'abonnement annuel au club privé qui abrite le terrain de golf pour une famille, soit la moitié du revenu annuel moyen des habitants de Benton Harbor, il est clair pour qui le terrain a été construit. En plus d'éroder la réserve naturelle, le terrain de golf exclusif viole l'esprit de l'acte de donation du terrain de la famille Klock à la ville.

Comme si la perte du joyaux de cette pauvre communauté n'était pas suffisante, récemment les citoyens de Benton Harbor ont perdu une autre chose: leur démocratie. Selon une loi de l'État du Michigan passée par les républicains, le gouverneur, un républicain, peut nommer un Emergency Financial Manager (EFM), un gérant financier d'urgence, pour remplacer le conseil municipal lorsque le budget de la municipalité n'est pas équilibré.

Il est vrai que les difficultés budgétaires de la municipalité étaient épiques. Cependant, selon la loi du Michigan, le EFM, une personne nommée par le gouverneur, prend à lui seul tous les pouvoirs du maire et du conseil municipal. Les élus locaux sont complètement défaits de leurs pouvoirs. Ils ne peuvent plus représenter la population qui les a élus. Les citoyens de Benton Harbor sont ainsi privés de démocratie. Le EFM, le financier nommé par le gouverneur, a un pouvoir autocratique absolu sur la gestion de la ville entière. Pour bien commencer, il a viré la moitié des fonctionnaires de la ville. 13

Si on ne peut pas s'imaginer une chose pareille arriver en France, Notre propre république est très loin d'être parfaite. Le mode de scrutin pluralitaire favorise la politique politicienne au dépend d'un vrai débat démocratique. Voir le volet "mode de scrutin" de ce site.

En France

Les exemples ci-dessus sont tous pris de l'actualité américaine de la mi-mars à la mi-avril. Il me semble évident que des problèmes similaires existent en France. Certes il y a des différences politiques et culturelles évidentes. Mais le fond du problème reste le même partout et se traduit sur la scène politique, économique et sociale de façon un peu différente en fonction des spécificités locales.

La lutte des classes existe toujours et encore, même si on en parle peu, ou du moins, pas sous ce nom. Certes beaucoup d'inégalités et d'injustices sont régulièrement dénoncées, mais le pire est que les solutions proposées ne sont que des caches-misère. Elles se contentent d'essayer de remédier aux pires des symptômes sans jamais affronter les causes réelles.

L'objectif de ce site est de montrer du doigt la racine même des maux de société décrits ci-dessus. Une fois la cause bien comprise, on peut alors mieux apprécier la valeur de telle ou telle solution proposée.

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Encore une fois, toutes les nouvelles ci-dessus sont prises dans un mois, au hasard. Cela veut dire que, mois après mois, année après année, ce même genre de nouvelles scandaleuses se répètent constamment. Ne pas y prêter attention ne veux pas dire que cela n'arrive pas. Au contraire: ces histoires se répètent justement parce que la population, dans son ensemble, préfère rester ignorante de ce qui se passe dans notre monde.

Il est grand temps de faire face à la réalité, de bien identifier la source de ces injustices sociales et de ces désastres écologiques, et y remédier une fois pour toute.

C'est le but même, ambitieux certes, des "3 enjeux", de ce site et de ce projet.