La cause principale du clivage gauche/droite

Une émission sur tvlibertés se pose la question: "le clivage gauche/droite a-t-il encore un sens?"1 Ils citent un sondage CEVIPOF de 2014 selon lequel "73% des français récuseraient aujourd’hui la pertinence des notions de droite et de gauche."

Les français ont bien raison mais souvent pas pour les raisons qu'ils pensent. Le dit clivage n'a jamais eu de sens: il n'est qu'un artefact nuisible du mode de scrutin utilisé. Et tant qu'on utilisera ce même mode de scrutin, ce clivage existera toujours sous une forme ou une autre. Les alliances peuvent changer. La ligne de démarcation peut bouger dans un sens ou dans l'autre. Mais le mode de scrutin actuel, dit pluralitaire, divisera toujours l'électorat en deux camps distincts.

La loi Duverger explique le phénomène: Admettons qu'il existe un électorat divisé entre trois camps: 40% pour un réformiste, et deux conservateurs rivaux se partagent le reste, soit 30% chacun. Dans ce scénario, il est évident que le réformiste devance chacun de ses deux rivaux. Il serait donc élu. Cependant il est tout aussi évident pour l'électorat et les candidats conservateurs que leur division créent leur faiblesse. Ils trouveront ainsi la motivation de se rassembler derrière un seul d'entre eux deux. Le résultat sera que l'électorat n'est plus divisé entre trois camps mais deux: le réformiste garderait ses 40% mais ferais maintenant face à un seul rival pesant peu ou prou les 60% du reste de l'électorat.

On peut observer ce phénomène dans les démocraties nouvelles, où un camp pourtant majoritaire perd une élection parce qu'il s'est présenté divisé; et ce même camp tire les leçons de cette mauvaise fortune et présente un front uni à l'élection suivante.

C'est tout à fait ce qu'il s'est passé aux États-Unis lors des élections présidentielles de 1836 et 1840, ainsi qu'en République de Chine, plus récemment, lors des élections présidentielles de l'an 2000 et 2004.

Si l'on veut sortir de ce malsain clivage gauche/droite, il faut tout simplement changer de mode de scrutin. Il faut abandonner le mode de scrutin pluralitaire (selon lequel, donné une multitude de candidats, on ne peut s'exprimer que sur un seul d'entre eux en votant pour ce candidat-là), et adopter un mode de scrutin pondéré, tels le vote par approbation (où l'on peut approuver, voter pour, autant de candidats qu'on veut), le vote noté (par exemple donner une note sur vingt pour chaque candidat) ou le vote émocratique (où on peut voter pour ou contre, ou donner une note positive ou négative à chaque candidat).

À titre d'exemple, votez dans ces sondages créés lors des élections de 2012:

Commentaires

wiki