Il n'y avait pas de glace à la vanille, donc elle a acheté de la glace au chocolat!

Au magasin, il n'y avait pas de glace à la vanille, donc elle a acheté de la glace au chocolat!

Pour certains, il pourrait paraître curieux d'utiliser le mode de scrutin Émocratie pour mener une élection présidentielle dans laquelle il n'y a qu'un seul siège à pourvoir. Effectivement, de ce point de vue le scrutin majoritaire semble être logique: il y a (en 2012) dix candidats en lice pour une seule fonction présidentielle. Il semble donc raisonnable de demander aux électeurs de ne choisir qu'un seul candidat parmi les dix. La proposition du scrutin Émocratique (ou de tout autre scrutin pondéré) de promouvoir tous les candidats que l'on préfère semble incongrue dans ce contexte.

Mais attention, les apparences peuvent être trompeuses. Permettez-moi d'avoir recours à une parabole.

Imaginons un petit enfant. Sa maman vient le voir et lui annonce: "Je dois aller au magasin. Comme tu as été sage, je veux bien t'acheter une glace. Quel parfum préfères-tu? Fraise, chocolat ou vanille?" L'enfant réfléchit un moment, puis annonce "Vanille!" tout en faisant un bisous à sa maman pour lui dire merci. Maman confie l'enfant à son papa, prend son cabas puis s'en va au marché. Dans le magasin, elle s'aperçoit qu'il n'y a plus de parfum vanille. Il ne reste plus que chocolat et fraise. Elle achète donc, au hasard, une glace au chocolat.

De retour à la maison, c'est le drame: l'enfant déteste la glace au chocolat. S'il était allé au magasin avec sa maman, il aurait choisit le parfum fraise.

De même que dans notre élection présidentielle il n'y a qu'un seul siège à pourvoir, dans cette histoire la maman n'offre qu'une seule glace, un seul parfum. Il avait donc semblé logique à l'enfant de ne présenter à sa maman qu'un seul choix.

Dans le contexte d'un scrutin pluralitaire, les trois parfums que la maman propose à l'enfant (vanille, fraise, chocolat) représentent la liste des candidats présents au premier tour d'une élection présidentielle que la république propose à l'électorat. Les deux parfums en vente dans le magasin représentent les deux candidats du second tour. L'électeur aurait pu raisonnablement penser que son candidat favori (vanille) soit présent au second tour (au magasin). S'il avait su qu'il ne le serait pas, il aurait opté pour son second candidat favori (fraise) afin d'augmenter ses chances de victoire au second tour (s'assurer que maman l'achète au lieu de chocolat).

Cependant, on peut très bien imaginer que notre parabole se déroule ainsi:

Lorsque la maman demande à l'enfant quel parfum elle doit acheter, l'enfant répond: "J'aime bien vanille et fraise, mais je n'aime pas chocolat". Arrivée au magasin, maman constate le manque de parfum à la vanille. Entre chocolat et fraise, elle achète donc fraise, en fonction de la préférence multiple exprimée par son enfant. Le drame est évité!

Dans le contexte d'un vote pondéré (Émocratie ou autre), il n'y a qu'un tour (bien que maman doive quand même aller au magasin!) et le besoin de faire un choix stratégique contre son cœur est limité. On annonce toutes ses préférences, et le candidat le plus rassembleur sera naturellement élu.

Dans notre élection présidentielle, je peux très bien soutenir le candidat A et B et être contre les candidats D et E alors que je trouve le candidat C plutôt moyen. Dans le vote pluralitaire, je suis obligé de faire un choix stratégique et tactique, tout en gardant un œil sur les sondages: qui de A ou B aurait les meilleures chances de gagner contre le plus fort des 3 autres candidats?

Je peux même avoir une petite préférence pour A comparé à B mais en votant A, je peux faire perdre B à qui il pourrait manquer quelques voix cruciales pour faire face à D, le candidat le plus fort du camp adverse. Tout comme l'enfant qui a eut le parfum au chocolat qu'il déteste parce qu'il n'a pas annoncé toutes ses préférences, je risque de faire élire D en faisant une erreur stratégique.

En revanche, avec l'Émocratie, pas besoin de stratégie: je vote simplement selon mon coeur pour A et B et peut-être même C, et je laisse la logique électorale choisir lequel des candidat reçoit l'approbation de la plus grande majorité des électeurs.

En fait, un scrutin pondéré est le meilleur moyen pour élire un candidat rassembleur (et non pas démagogue!), qui sait le mieux combiner en un programme cohérent les demandes variées (mais pas forcément contradictoires) des électeurs.

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